LA GRANDE MOTTE / FESTIVAL ARCHITECTURES VIVES

Projet réalisé en équipe avec Charlène AZÉ & Élodie MAS

Mirage, rêves in(dé)finis

« Les formes s’achèvent. Les matières jamais. La matière est le schème des rêves indéfinis » Gaston Bachelard

Paysage naturel, la Grande Motte, au pied des Cévennes, était un désert, une longue étendue de sable, bordée par la mer balayée par les vents. Paysage visionnaire, un architecte a un jour rêvé, ici, une ville. L’utopie s’est construite, donnant jour à une ville paysage, harmonique, blanche, presque irréelle ...

Nous souhaitons, par l’intermédiaire de notre installation, rendre le spectateur perméable et sensible à cette histoire et son environnement. Ainsi, elle revisite, sous la forme d’un mirage, la vision primaire de la ville de la Grande Motte, soufflée par les éléments naturels.

Sur une surface d’eau, viennent se poser des plaques formées de concrétions de sel. L’espace s’y organise dans une relation de dualité, suivant l’idée d’une opposition complémentaire que l’on retrouve dans les pyramides en bonnet d’évêque et conques de Vénus de la Grande Motte. La structure et son reflet évoquent la géométrie des pyramides.

L’eau de mer apparaît comme l’élément premier, archaïque, un fluide, une matière parfaitement dissoute. Apparaît ensuite le phénomène de la cristallisation, où l’état chaotique de la matière fluide se modifie, s’organise et prend forme. La matière devient dès lors un paysage délicat, manifestation de la beauté naturelle.

Une tension apparaît entre l’eau primitive et la sculpture de sel qui existent, l’une et l’autre, dans un équilibre fragile qu’un simple frôlement pourrait faire basculer.

L’eau est à la fois attirance et danger, elle sert de liant, de diluant, favorise les passages, osmoses, fusions, de forme à forme ... La sensualité s’exprime par la rencontre (amoureuse) de ces deux matières, eau et sel, qui peuvent se perdre mais aussi s’assembler et disparaître pour renaitre différemment.

Le mirage, élément immatériel questionne les sens puisqu’il est vu mais ne peut être éprouvé physiquement. La sculpture créée porte en elle cette ambiguïté de solliciter la vue et d’interroger les sens.

Une dimension temporelle est intégrée à l’œuvre, évanescente et éphémère cristallisation d’une pensée.  Le temps du festival, la sculpture sera soumise à l’action corrosive du temps, temps qui passe et conditions atmosphériques, créant fissures et craquelures pour parvenir à terme à la dissolution et l’effacement.

Pour que le temps finisse l’espace et que la matière recouvre son état premier ...

 

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